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Voici la quatrième série de 5 questions que se posent beaucoup d’investisseurs - par le Professeur Mikael Petitjean

<b>Voici la quatrième série de 5 questions que se posent beaucoup d’investisseur</b>s - par le Professeur Mikael Petitjean
16/04/2020

Voici la quatrième série de 5 questions que se posent beaucoup d’investisseurs, et auxquelles répond notre Chief Economist, le Professeur Mikael Petitjean (UCL & IESEG). N’hésitez pas à nous envoyer d’autres questions, auxquelles nous nous attacherons de répondre dans notre prochaine communication. Nous continuerons bien entendu à vous informer au fur et à mesure de l'évolution de la situation économique et financière.

1. Les portefeuilles gérés par Waterloo AM comprennent surtout des grandes capitalisations boursières. Elles ont certes baissé, mais on dit, leur niveau de risque est moindre. Est-ce correct ?

C’est vrai. Nous investissons chez Waterloo Asset Management essentiellement dans des grandes entreprises, que l’on nomme également « blue chips ». La raison est que ces entreprises, pour la plupart des multinationales, ont une probabilité de faillite plus faible et une meilleure liquidité. Leur présence sur plusieurs continents et leur force logistique sont deux facteurs qui les rendent plus stables. Elles ont également un pouvoir d’influence important et versent des dividendes de manière plus régulière.
Cela ne veut pas dire qu’investir dans des plus petites capitalisations boursières est une mauvaise stratégie. Il faut néanmoins accepter leur plus grande volatilité, et les inclure dans un portefeuille de manière très diversifiée au cas où l’éventuelle faillite de l’une d’entre elles ne pèse pas sur la performance du portefeuille à moyen terme.

2. Les marchés financiers reprennent du tonus ces derniers jours. Peut-on dire que toutes les mauvaises nouvelles sont déjà intégrées dans les cours ?

D’un point de vue sanitaire, il semble que plusieurs pays européens ont atteint, ou sont proches d’atteindre le point d’inflexion dans la progression du Covid-19. Le nombre d’hospitalisations quotidiennes diminue. La mortalité reste un problème. Son niveau actuel s’explique en partie par la progression du nombre de cas avant l’inflexion, et également par la mortalité plus élevée en maison de repos.
La situation aux Etats-Unis est encore incertaine car le début de la contagion a démarré plus tard qu’en Europe. Au tout début de la propagation virale, les Etats-Unis avaient la possibilité de mettre en place un confinement strict et compatible avec la capacité de leur réseau hospitalier. Il aurait suivi de la sorte les exemples du Japon ou de l’Allemagne qui connaissent des taux de mortalité significativement plus faibles que les pays de l’OCDE. Ce confinement strict n’a pas eu lieu, et les Etats-Unis enregistrent désormais le plus grand nombre de décès dans le monde. Toutefois, selon certaines sources, il semblerait que les Etats-Unis approchent de leur point d’inflexion dans la progression du nombre de cas.
Du point de vue économique, l’impact de cette crise est bien entendu important et se répercute sur les résultats des entreprises. C’est pour cette raison que nous nous attendons encore à de la volatilité dans les prochains jours sur les marchés financiers. Néanmoins, les injections de liquidité des différentes banques centrales sont colossales, et parviennent dans une certaine mesure à contrebalancer les mauvaises nouvelles économiques.
Nous croyons que le déconfinement graduel se matérialisera dans les semaines à venir dans la plupart des pays occidentaux, à l’exemple de l’Autriche, la Tchéquie, le Danemark, ou encore la Norvège. Ce déconfinement permettra une relance de l’activité économique. Il est fondamental que les pays créent de la valeur (et augmentent leur PIB), afin de pouvoir financer leurs fonctions régaliennes.

3. Faut-il investir en obligations pour réduire son exposition aux actions ?

Je ne le ferais pas. Les obligations d’entreprises offrent aujourd’hui une prime de risque qui est souvent moins attractive que celle offerte par les actions. Une autre manière de le dire est que les actions sont aujourd’hui moins chères que les obligations. C’est particulièrement le cas en Europe. Pour les investisseurs les plus inquiets et les plus pessimistes, il est préférable d’investir dans l’or que dans des obligations, à hauteur de 5% à 10% environ, mais pas plus.

4. A votre avis, quel est à la composition de portefeuille la plus adéquate pour la sortie de crise ?

A vrai dire, il ne faut pas changer la composition de son portefeuille en fonction des effets de mode ou des cris de panique. La diffusion de ce virus ne doit pas changer grand-chose à votre portefeuille qui a été constitué en tenant compte de vos contraintes personnelles, à moins bien entendu que vos contraintes ne changent.

5. Une crise comme celle-ci n’offre-t-elle pas l’opportunité de modifier l’allocation de son portefeuille ?

La plus mauvaise décision consiste à liquider son portefeuille. Je pense qu’il ne faut pas être obnubilé par l’évolution de son portefeuille au jour le jour. Ceux qui le font se sentent soulagés quand les cours remontent et désespérés quand les cours baissent à nouveau. Plus les marchés sont agités, plus il faut essayer de gagner en sérénité.

Pour les fonds gérés par Waterloo Asset Management, notre Comité d’Investissement a vendu au début de la crise des positions en actions, afin de créer des liquidités dans les portefeuilles. Aujourd’hui, nous réinvestissons progressivement ce cash en actions, en profitant des baisses de marché.
Selon la même logique, nous conseillons à nos clients qui ont encore des liquidités et un horizon de 3 à 5 ans de réinvestir de manière graduelle. Ce n’est certainement pas l’inverse (c-à-d vendre des positions en actions pour créer des liquidités) qu’il convient de faire pour le moment. Cela reviendrait à maximiser vos chances de ne jamais retrouver les niveaux qui prévalaient au début de cette année.
La présente crise sanitaire est unique, et inquiétante car elle s’attaque à notre santé et à celle de nos proches. Mais les marchés sont à sang froid. Ils estiment la valeur des entreprises sur la base des flux financiers à venir. Les entreprises qui traverseront cette crise seront plus résistantes et plus fortes qu’auparavant. Elles gagneront des parts de marché au détriment des entreprises qui étaient mal préparées, ou dont la structure des comptes était déjà faible avant la crise. C’est le poids relatif des entreprises résistantes qui augmentera dans vos portefeuilles. Celles qui sous-performent quitteront les grands indices, et seront remplacées par d’autres plus résistantes.

L’équipe de Waterloo Asset Management