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L’inflation ne doit pas nous faire paniquer par Mikael PETITJEAN

<b>L’inflation ne doit pas nous faire paniquer </b>par Mikael PETITJEAN
13/04/2022

Nous avons tous nos sujets de prédilection. Chez Waterloo Asset Management, on aime rappeler régulièrement aux clients à quel point la peur est piètre conseillère. “Nous le faisons d’autant plus volontiers que les prophètes de malheur surfent sur une vague qui leur attire systématiquement l’attention médiatique”, note Mikael Petitjean, Chief Economist de la société de gestion de fortune.

Il faut bien reconnaître que la peur “rapporte”, pour utiliser un jargon financier, mais uniquement pour celles et ceux qui la propagent. Elle reste malheureusement une “arme de destructive massive de richesse” pour les investisseurs qui y succombent. À défaut de réduire à néant des armées d’envahisseurs, la peur détruit le patrimoine des investisseurs.

Je me rappelle être intervenu sur un plateau de télévision afin de présenter la stratégie de notre société à la fin du mois de mai 2020, en pleine pandémie, juste après qu’un “trader” très célèbre de la place de New York nous eut annoncé des jours bien sombres. L’apocalypse était proche… L’indice Nasdaq 100 terminera finalement cette année-là sur un rendement de 47,6% sans même tenir compte des dividendes. Entre la fin des mois de mars et décembre 2020, son rebond dépassera les 70%. Des jours sombres comme ceux-là, nous sommes tous prêts à en vivre jusqu’à la fin des temps.

Depuis les travaux d'Amos Tversky et Daniel Kahneman (prix Nobel 2002), nous savons que les investisseurs répondent principalement à deux “modes de réflexion” qui expliquent parfaitement leurs biais cognitifs et heuristiques. Le système 1 est généralement liée à notre rapidité, nos réflexes et notre impulsivité. Il constitue 98% de notre manière de penser et nous aide à mettre à jour les informations que nous captons dans notre environnement et à réévaluer les situations. Le système 2 est plutôt lent, appliqué, attentif, informé. Il nous aide à rechercher les informations manquantes et à prendre des décisions sur un fondement plus étayé.

Que nous dit notre système 2 au sujet de l’inflation ? Que la protection la plus solide contre l’inflation demeure les actions sur le long terme. Aucun autre actif ne bat les actions sur le moyen terme : ni l’or, ni les matières premières, ni l’immobilier, ni même les obligations indexées sur l’inflation. En considérant les données historiques les plus longues en ma possession, qui incluent les gains en revenus, les actions US du S&P500 ont rapporté 8,53% par an après inflation, hors frais de courtage et de gestion. Toutes les autres classes d’actifs sont loin derrière. Les obligations américaines à 30 ans indexées sur l'inflation ont offert un rendement annualisé de 5,71%. L’or “physique”, en lingot, rapporte du 3,45% par an, sans même tenir compte des coûts de stockage. La “brique” aux États-Unis ? 1,54% par an. Les matières premières ? 2,67%. Celles liées à l’énergie ? 1,25% par an.

Partant de cette réflexion, voici quelques conseils que nous donnons systématiquement à nos clients. Ne délaissez pas les actions, même si les grands indices boursiers devaient finir l’année dans le rouge. Ce sont les actions qui vous garantissent la meilleure protection contre l’inflation sur le long terme. Restez investis et ne croyez pas une seconde que vous agissez prudemment en essayant d’anticiper les mouvements à la baisse ou à la hausse. La quasi-totalité des investisseurs qui tentent de le faire vendent leurs actions alors que les cours ont déjà bien baissé, puis les rachètent trop tard lorsque les cours ont déjà bien remonté. Sachez qu’il suffit de manquer le meilleur jour de bourse tous les 100 jours pour perdre toute la performance positive offerte par les actions.

Ne prêtez pas attention aux prophètes de malheur, aux pronostics de court terme et aux gros titres des journaux qui cherchent à capter votre regard à tout prix. Ils ne servent à rien et sont même dangereux car ils vous incitent à spéculer, à prendre des paris qui se révèlent perdants presque à chaque fois.

Soyez bien diversifiés et pensez à l’allocation de votre portefeuille entre classes d’actifs. C’est déjà tout un art. Les actions demeurent incontournables. Dans tous les cas, veillez à maintenir une allocation d’au moins 40% en actions et, surtout, regardez l’horizon. Restez sourds à celles et ceux qui sont à l’affût de la moindre occasion de vous faire paniquer.

Mikael Petitjean,
Chief Economist de Waterloo Asset Management et professeur à l’UCLouvain et l’IESEG School of Management (Lille et Paris)